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Dissertation générale - Français moderne - Ancien français - Anglais.

   Vous pourrez trouver ici les sujets de dissertation générale que j'ai empruntés aux rapports de jury, (et je l'avoue, sur la page de Kama, en ce qui concerne les sujets antérieurs à 1990), quelques sujets d'ancien français, de français moderne, et des versions d'anglais.

1988 - 1989 - 1990 - 1991 - 1992 - 1993 - 1994 - 1995 - 1996 - 1997 - 1998 - 1999 - 2000 - 2001 - 2002
 
 


1988
Commentez et discutez ce jugement de Marthe Robert :
« Ce qui importe d’abord dans la vie, selon un rabbin du Talmud* : transformer son miroir en une fenêtre ouverte sur la rue. C’est aussi la loi de toute littérature vraie, la fausse étant celle où l’auteur se contente de se contempler, en prétendant de surcroît que le lecteur y trouvera autant de joie qu’il en a pris lui-même à sa propre image. » (La tyrannie de l’imprimé, Grasset, 1984, p. 49).
Note : Talmud = « Compilation de commentaires sur la Loi de Moïse fixant l’enseignement des grandes écoles rabbiniques (...). Le Talmud est un des ouvrages les plus importants du Judaïsme ». (Larousse)
 


1989
Saint-John Perse dit à propos de la poésie :
« L’obscurité qu’on lui reproche ne tient pas à sa nature propre, qui est d’éclairer, mais à la nuit même qu’elle explore, et qu’elle se doit d’explorer : celle de l’âme elle-même et du mystère où baigne l’être humain. Son expression toujours s’est interdit l’obscur, et cette expression n’est pas moins exigeante que celle de la science. » (« Allocution au Banquet Nobel du 10 décembre 1960 », Bibliothèque de La Pléiade, Editions Gallimard, 1972, p. 445-446).
En vous appuyant sur l’analyse d’exemples précis. vous direz dans quelle mesure vous partagez cette conception de la poésie.
 


1990
P. Larthomas écrit dans Le Langage dramatique (Paris, PUF, 1972, p. 433-434) :
« L’erreur fondamentale à nos yeux a consisté surtout à distinguer au cours des siècles, tout au moins en France, la comédie et la tragédie, ou, de façon plus large, les pièces qui font rire et celles qui font pleurer. Non que cette distinction ne soit pas, dans une certaine mesure, naturelle, puisqu’elle tient compte avant tout des réactions du public et différencie, à partir d’elles, les procédés qui les provoquent ; non qu’elle ne soit pas pardonnable, puisque vénérable et appuyée par une tradition mythologique (Thalie et Melpomène), l’autorité d’Aristote et de combien d’autres. Mais enfin elle n’est pas essentielle, et n’étant pas essentielle, elle s’est révélée dangereuse : on a plus été préoccupé de marquer entre la tragédie et la comédie des oppositions qui allaient de soi, que de souligner les points communs qui font que toutes les œuvres dramatiques, qu’il s’agisse d’Athalie ou des Fourberies de Scapin, ont les mêmes caractères fondamentaux. »
En vous référant à des exemples précis, vous commenterez et discuterez ces réflexions.
 


1991
H. Godard écrit dans L’autre face de la littérature. Essai sur André Malraux et la littérature (éd. Gallimard, 1990, p. 42-43) :
« Toute œuvre est un système de formes qui n’existent pas telles quelles dans le monde réel. Nous n’éprouvons jamais celui-ci que comme une totalité et comme une confusion. Il nous déborde de toute part. Il est sans limite, à chaque instant il se dérobe à notre prise. Tout s’y tient, et la diversité des plans de notre expérience y multiplie à l’infini les liens de tout avec tout. Les formes que nous percevons dans l’œuvre ne peuvent donc résulter que du découpage et des choix que l’artiste y a opérés. Or l’idée même d’un découpage et de choix de ce genre, chaque nouvel artiste ne peut la tenir que des œuvres de ses prédécesseurs. "Un poète ne se conquiert pas sur l’informe, mais sur les formes qu’il admire." Il s’ensuit que la création passe nécessairement d’abord par l’imitation, quand ce n’est pas par le pastiche. »
Vous commenterez cette définition de l’œuvre littéraire sans vous en tenir à la poésie et en vous appuyant sur des exemples précis.
 


1992
C. Grivel écrit dans Production de l’intérêt romanesque (La Haye, Mouton, 1973, p. 318) :
« Roman signifie exemplarisation. Le roman prouve. Il constitue un discours parabolique, illustratif, donne à souscrire à un sens. Raconter suppose la volonté d’enseigner, implique l’intention de dispenser une leçon, comme aussi celle de la rendre évidente. »
Vous commenterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis.
 


1993
Dans un ouvrage publié en 1979, Vers l’Inconscient du texte (PUF, p. 194-195) J. Bellemin--Noël écrit :
« Je ne puis fantasmer n’importe quoi à propos d’un texte. Je ne brode pas sur un canevas aux couleurs prémarquées : ce discours et moi, nous devenons ensemble cette tapisserie. Ma main doit passer par des points obligés, choisir des fils de nuances déterminées, meubler les entours d’une ornementation. Le motif existe. Imposé par le titre, il ne faut pas l’oublier ; le dessin, la couleur et le cadre sont aménagés. Mon inconscient de lecteur ne s’impose pas, il se prête aux possibles du texte ; le sens secret du texte ne s’expose pas, même à force de (mauvais ou bons) traitements, il s’offre aux connivences de mon écoute. Car c’est moi qui suis le maître du relief, des intensités : j’accentue ici ou là, je marque plus ou moins le contraste, je crée la tonalité, je fais voir ce qui n’était pas remarqué, remarquer ce qui autrement n’eût pas été vu, mon rôle est de mettre en vue – je suis metteur en scène du sens, et dès lors c’est mon sens. »
Vous commenterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis.
 


1994
« Au nom d’un "matérialisme" de la lettre, certains ont vidé la poésie de tout rapport avec l’être et avec la matière. Ils se sont adonnés aux glissements intensifs de la "chaîne signifiante", où se perdent de vue les signifiés. Moyennant quoi, leur écriture est devenue parfois illisible, et ils ont contribué à détourner les lecteurs de la poésie. La lisibilité d’un poème se fonde en effet sur un double rapport des mots qui le composent avec l’horizon interne du texte et avec l’horizon externe du monde. Se priver de l’un de ces deux horizons, c’est s’exposer soit au réalisme, soit à l’hermétisme. » (Michel Collot, L’Horizon fabuleux, Librairie José Corti, 1988, p. 214).
En vous référant à des exemples précis, vous commenterez et discuterez ces réflexions.
 


1995
G. Gusdorf écrit dans Le Romantisme, éd. Payot et Rivages, 1982, rééd. 1993, p. 46 :
« Constante de culture, le romantisme apparaît comme une catégorie transhistorique, irradiant l’histoire culturelle dans l’ensemble de son devenir. Il ne s’agit pas d’une mode littéraire qui aurait régné dans la première partie du XIXe siècle ; conception absurde ; car il n’y a pas eu d’année zéro du romantisme, ni d’année terminale. Le romantisme a existé au présent, dans un moment historique ; mais il s’est projeté dans le passé médiéval et renaissant, et il n’a pas cessé de susciter dans le futur des hommes et des œuvres en lesquels revivait son esprit. »
Vous commenterez et discuterez cette prise de position, en appuyant votre réflexion sur des exemples précis.
 


1996
Dans une séquence  intitulée « Réalisme et fantaisie » et extraite de l’ouvrage L’Ecriture comique (PUF « écriture », 1984, p. 133), Jean Sareil écrit :
« Le réalisme est donc très répandu dans l’œuvre comique, mais il apparaît toujours bridé, limité à des détails secondaires, à des traits d’observation. Son rôle est très souvent celui d’un point de départ. Mais, chose étonnante, la fantaisie n’est pas mieux traitée et se voit contrôlée presque dans les mêmes proportions. Il serait faux de croire que l’écrivain comique cherche à donner libre cours à son imagination. A chaque instant, il doit toucher terre, revenir au réalisme, qui le relance. »
Commentez et discutez en vous référant à des exemples précis.
 


1997 (épreuve annulée)
À propos du roman, le romancier Pascal Quignard s’exprime en ces termes :
« Il est l’autre de tous les genres, l’autre de la définition. Par rapport aux genres et à ce qui généralise, il est ce qui dégénère et qui dégénéralise. Là où il y a un toujours, mettez un parfois, là où il y a un tous, mettez un quelques, et vous  commencez d’approcher le roman » (Le Débat, n° 54, mars-avril 1989, p. 77-78.)
Commentez et discutez.
 


1998
Michel Butor écrit dans Répertoire 2 (Paris,1964, Les éditions de Minuit,"le roman et la poésie",p.7):
"étudiant, comme beaucoup, j'ai écrit quantité de poèmes. Ce n'était pas seulement distraction ou exercice; j'y jouais ma vie. Or, du jour où j'ai commencé mon premier roman, des années durant je n'ai plus rédigé un seul poème, parce que je voulais réserver, pour le livre auquel je travaillais, tout ce que je pouvais avoir de capacité poétique; et si je me suis mis au roman, c'est parce que j'avais rencontré dans cet apprentissage nombre de difficultés et contradictions, et qu'en lisant divers grands romanciers, j'avais eu l'impression qu'il y avait là une charge poétique prodigieuse, donc que le roman, dans ses formes les plus hautes , pouvait être un moyen de résoudre, dépasser ces difficultés, qu'il était capable de recueillir tout l'héritage de l'ancienne poésie."
En vous appuyant sur des exemples précis et empruntés à des époques variées, vous montrerez dans quelle mesure ce témoignage permet de caractériser le roman.
 



1999
Dans L'Entretien des muses, Philippe Jaccottet écrit:" La poésie est elle-même non pas dans le maintien à tout prix de telle ou telle prosodie, mais dans l'usage de la comparaison, de la métaphore ou de toute autre mise en rapport; elle est au plus près d'elle-même dans la mise en rapport des contraires fondamentaux: dehors et dedans, haut et bas, lumière et obscurité, illimité et limite. Tout poète est au plus pur de lui-même dans sa façon singulière de les saisir."

    Vous analyserez et discuterez ce propos, en fondant votre réflexion sur des exemples précis d'époques diverses.



2000:
Extrait de La Tentation d'exister de Cioran.

        "Auprès du héros tragique, comblé par l'adversité, son bien de toujours, son patrimoine, le personnage romanesque apparaît comme un aspirant à la ruine, un gagne-petit de l'horreur, tout soucieux de se perdre, tout tremblant de n'y point réussir. Incertain de sondésastre, il en souffe. Aucune nécéssité dans sa mort. L'auteur, telle est notre impression, pourrait le sauver: ce qui nous donne un sentiment de malaise et nous gâche le plaisir de la lecture. La tragédie, elle, se déroule si j'ose dire, sur un plan absolu: l'auteur n'a aucune influence sur ses héros, il n'en est que le serviteur, l'instrument; ce sont eux qui commandent et lui intiment de rédiger le procès-verbal de leurs faits et gestes."

        Vous analyserez et discuterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis.


2001:

En vous appuyant sur des exemples précis, commentez et discutez cette affirmation de Jean-Paul Sartre:

    "Les poètes sont des hommes qui refusent d'utiliser le langage. Or, comme c'est dans et par le langage conçu comme une espèce d'instrument que s'opère la recherche de la vérité, il ne faut pas s'imaginer qu'ils visent à discerner le vrai ni à l'exposer. Ils ne songent pas non plus à nommer le monde et, par le fait, ils ne nomment rien du tout, car la nomination implique un perpétuel sacrifice du nom à l'objet nommer ou pour parler comme Hegel, le nom s'y révèle l'inessentiel, en face de la chose qui est essentielle. ils ne parlent pas; ils ne se taisent pas non plus: c'est autre chose. (...) En fait, le poète s'est retiré d'un seul coup du langage-instrument; il a choisi une fois pour toutes l'attitude poétique qui considère les mots comme des choses et non comme des signes."
         Qu'est-ce que la littérature?, Paris, Gallimard, 1948; réed., Paris, Gallimard, 1999, coll. "Folio/Essais", p. 18-19.


2002:

 

« On entend tous les jours, à propos de productions littéraires, parler de la dignité de tel genre, des convenances de tel autre, des limites de celui-ci, des latitudes de celui-là ; la tragédie interdit ce que le roman permet ; la chanson tolère ce que l’ode défend, etc. L’auteur de ce livre a le malheur de ne rien comprendre à tout cela ; il y cherche des choses et n’y voit que des mots ; il lui semble que ce qui est réellement beau et vrai, est beau et vrai partout ; que ce qui est dramatique dans un roman sera dramatique sur la scène ; que ce qui est lyrique dans un couplet sera lyrique dans une strophe ; qu’enfin et toujours la seule distinction véritable dans les œuvres de l’esprit est celle du bon ou du  mauvais. »

 

Victor HUGO, « Préface » des  Odes et Ballades (1826)

Coll. L’Intégrale, tome I, éditions du Seuil, p. 85


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