Dissertation générale - Français moderne - Ancien français
- Anglais.
1990:
Tircis et Amarante.
[...] Amenons des Bergers et puis nous rimerons
Ce que disent entre eux les Loups et les Moutons.
Tircis disait un jour à la jeune Amarante:
Ah! si vous connaissiez comme moi certain mal
5
Qui nous plaît et qui nous enchante!
Il n'est bien sous le ciel qui vous parût égal:
Souffrez qu'on vous le communique;
Croyez-moi; n'ayez point de peur:
Voudrais-je vous tromper, vous pour qui je me pique
10 Des plus doux sentiments que puisse avoir un coeur?
Amarante aussitôt réplique:
Comment l'appelez-vous, ce mal? quel est son nom?
- L'amour.- Ce mot est beau: dites-moi quelque marque
A quoi je le pourrais connaître: que sent-on?
15 - Des peines près de qui le plaisir des Monarques
Est ennuyeux et fade: on s'oublie, on se plaît
Toute seule en une forêt.
Se mire-t-on près un rivage?
Ce n'est pas soi qu'on voit, on ne voit qu'une image
20 Qui sans cesse revient et qui suit en tous lieux:
Pour tout le reste on est sans yeux.
Il est un Berger du village
Dont l'abord, dont la voix, dont le nom fait rougir:
On soupire à son souvenir:
25 On ne sait pas pourquoi; cependant on soupire;
On a peur de le voir encor qu'on le désire.
Amarante dit à l'instant:
Oh! Oh! c'est là ce mal que vous me prêchez tant?
Il ne m'est pas nouveau: je pense le connaître.
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Tircis à son but croyait être.
Quand la belle ajouta: Voilà tout justement
Ce que je sens pour Clidamant.
L'autre pensa mourir de dépit et de honte.
Il est force gens comme lui
35 Qui prétendent n'agir que pour leur propre compte,
Et qui font le marché d'autrui.
La Fontaine, Fables, VIII, 13.
Questions:
1) Métrique. (5 points)
Etude des rimes (pour l'oeil et pour l'oreille) des vers 12 à 21 (utiliser l'alphabet
phonétique.)
2) Lexicologie et sémantique. (4 points)
Etudier les mots suivants: mal (v.4); enchante (v.5); connaître
(v.14); prêchez (v.28).
3) Morphosyntaxe. (6 points)
Etudier dans le texte la forme des interrogations.
4) Syntaxe. (14 points)
Etudier les propositions relatives du texte.
5) Style. (21 points)
Etudiez le style du passage.
1993:
1 C'était sous le hangar de la charretterie que la table était dressée. Il y avait dessus
quatre aloyaux, six fricassées de poulets, du veau à la casserole, trois gigots et, au milieu, un joli cochon de lait rôti, flanqué de quatre andouilles à l'oseille. Aux angles, se dressait l'eau-de-vie, dans des carafes. Le cidre doux en bouteilles poussait sa mousse épaisseautour des bouchons et tous les verres, d'avance, avaient été remplis de vin jusqu'au bord. De grands plats de crème jaune, qui flottaient d'eux mêmes au moindre choc de la table, présentaient, dessinés sur leur surface unie, les chiffres des nouveaux époux en arabesques de nonpareille*. On avait été chercher un pâtissier à Yvetot pour les tourtes et les nougats. Comme il débutait dans le pays, il avait soigné les choses; et il apporta, lui-même,au dessert, une pièce montée qui fit pousser des cris. A la base,d'abord, c'étaitun carré de carton bleu figurant un temple avec portiques, colonnades et statuettes de stuc tout autour, dans des niches constellées d'étoiles en papier doré; puis se tenait au second étage un donjon en gâteau de Savoie, entouré de menues fortifications en angélique, amandes, raisins secs, quartiers d'orange; et enfin, sur la plate-formesupérieure, qui était une prairie verte où il y avait des rochers avec des lacs de confitureset des bateaux en écales de noisettes, on voyait un petit Amour, se balançant à uneescarpolette de chocolat, dont les deux poteaux étaient terminés par deux boutons derose naturelle, en guise de boules, au sommet.
Madame Bovary - Flaubert. (Première partie - Chap. IV).
*nonpareille: petite dragée ou petite boule de sucre.
Questions:
1) Lexicologie. (3 points)
Etude des mots: charreterie (l.1); (se) dresser (l.1; l.3); figurer
(l.11); fortifications (l.13); Amour (l.16).
2) Morpho-syntaxe. (7 points)
Etude des compléments prépositionnels (du début jusqu'aux lignes 5-6: "jusqu'au
bord").
3) Etude stylistique du passage. (10 points)
1995:
1 J'admire, ma bonne, que j'aie pu vous écrire tout ceci, ayant sur le
coeur la tristesse et la surprise de la mort subite et terrible du pauvre abbé Bayard. Je crois rêver en l'écrivant; ce fut la première chose que je trouvai dans une lettre de d'Hacqueville qui m'attendait ici. Il vous l'aura mandée comme à moi, mais je veux vous en parler, ma bonne. Je vous écrivis de Langlard, un certain dimanche, dans la lettre du Chevalier. Tout était en joie et en danse chez cet abbé: les violons, les fifres, les tambours faisaient un bruit de fête de province le plus agréable du monde sur cette belle terrasse. Sa santé avait été célébrée. J'avais fait son portrait à ceux de notre troupe qui ne l'avaient jamais vu, et j'avais dit beaucoup de bien de son coeur et de son âme, parce qu'il y en avait beaucoup à dire. Ma bonne, savez-vous ce qui arrivait pendant tout cela? Il mourait et expirait. Et le lendemain, quand je lui écrivis, en partant, une relation de ce qui s'était passé chez lui, dont il aurait été ravi, il n'était plus au monde, et c'était à un mort que j'écrivais. Je vous avoue que je fis un cri du fond de mon coeur, en apprenant cet arrangement de la Providence, et mon esprit en sera longtemps étonné. J'avais une véritable envie de le voir, et de lui conter la bonne vie que nous avions faite à Langlard, et le regret de ne l'avoir pas eu comme la meilleure chose que nous pussions avoir; et la première ligne que je lis, c'est sa mort. Mais quelle mort! Il se portait très bien. Il avait passé la veille avec Mme de Coulanges et M. de La Rochefoucauld; il avait parlé de moi, et de la joie qu'il avait de penser que j'étais chez lui. Le dimanche, il prend un bouillon; il le vomit. Il eut soif l'après-dîner; il demande à boire. Son valet le quitte pour lui obéir, il revient, et le trouve mort sur sa chaise. Quelle surprise! mais quelle promptitude! On est souvent un fort honnête homme qu'on n'est pas un très bon chrétien. Sans confession, sans préparation! Enfin c'est un abîme de méditation. Il avait un abcès dans la poitrine, qui s'est crevé tout d'un coup et l'a étouffé. Ma très cher bonne, je vous demande pardon; je ne saurais me taire sur une aussi triste aventure.
Mme de Sévigné à Mme de Grignan, 4 octobre 1677. (éd. Duchêne, Pléiade, tome II, p. 561)
Questions:
1) Lexicologie. (3 points)
Etude des mots suivants: ma bonne (l.1); relation (l.11); honnête
(l.22).
2) Grammaire. (7 points)
a) Etude des formes verbales suivantes: aie pu (l.1); aura mandée
(l.4). (2 points)
b) Etude syntaxique des subordonnées de la ligne 10: Ma bonne savez-vous...
à la fin du texte. (5 points)
3) Stylistique. (10 points)
Etude stylistique du texte.
1996:
1 MOI
Mais j'ai peur que vous ne deveniez jamais riche.
LUI
Moi j'en ai le soupçon.
5 MOI
S'il en arrivait autrement, que feriez-vous?
LUI
Je ferais comme tous les gueux revêtus; je serais le
plus insolent maroufle qu'on eût encore vu? C'est alors
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que je me rappellerais tout ce qu'ils m'ont fait souffrir;
et je leur rendrais bien les avanies qu'ils m'ont faites.
J'aime à commander, et je commanderai. J'aime qu'on
me loue et l'on me louera. J'aurais à mes gages, toute la
troupe vilmorienne*, et je leur dirai, comme on me l'a dit,
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Allons, faquins, qu'on m'amuse et l'on m'amusera; qu'on
me déchire les honnêtes gens, et on les déchirera, si l'on en
trouve encore; et puis nous aurons des filles, nous nous
tutoyerons, quand nous serons ivres, nous nous enivrerons;
nous ferons des contes; nous aurons toutes sortes de travers
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et de vices. Cela sera délicieux. Nous prouverons que de Voltaire
est sans génie; que Buffon toujours guindé sur des échasses,
n'est qu'un déclameur ampoulé; que Montesquieu n'est qu'un
bel esprit; nous relèguerons d'Alembert dans ses mathématiques,
nous en donnerons sur dos et ventre à tous ces petits Catons,
25
comme vous, qui nous méprisent par envie; dont la modestie
est le manteau de l'orgueil, et dont la sobriété est la loi du besoin.
Et de la musique? C'est alors que nous en ferons.
Le Neveu de Rameau (1761-1772) - Diderot. (Paris, G.F., 1967, p. 82-83).
*"la troupe vilmorienne": la clientèle du financier Vilmorien.
Questions:
1) Lexicologie. (3 points)
Etude des mots suivants: contes (l.19); bel esprit (l.23); Catons
(l.24).
2) Grammaire. (7 points)
a) Etude des modes personnels et des temps du verbe depuis le début du texte
jusqu'à "... si l'on en trouve encore". (l.17) (5points)
b) Etude de la structure syntaxique: "Et de la musique? C'est alors que nous en
ferons." (2 points)
3) Stylistique. (10 points)
Etude stylistique du texte.
1997:
1 A ***
Tu es mon amour depuis tellement d'années,
Mon vertige devant tant d'attente,
Que rien ne peut vieillir, froidir;
5
Même ce qui attendait notre mort,
Ou lentement sut nous combattre,
Même ce qui nous est étranger,
Et mes éclipses et mes retours.
Fermée comme un volet de buis,
10
Une extrême chance compacte
Est notre chaîne de montagnes,
Notre comprimante splendeur.
Je dis chance, ô ma martelée;
Chacun de nous peut recevoir
15
La part de mystère de l'autre
Sans en répandre le secret;
Et la douleur qui vient d'ailleurs
Trouve enfin sa séparation
Dans la chair de notre unité,
20
Trouve enfin sa route solaire
Au centre de notre nuée
Qu'elle déchire et recommence.
Je dis chance comme je le sens.
Tu as élevé le sommet
25
Que devra franchir mon attente
Quand demain disparaîtra.
1948-1950.
Recherche de la base et du sommet, René Char, IV, "A une sérénité
crispée".
Questions:
1) Lexicologie. (2 points)
- froidir (v.4)
- martelée (v.13)
2) Grammaire. (8 points)
a) Etude des déterminants du vers 8 ("Fermée comme un volet de
buis") au vers 21 ("Qu'elle déchire et recommence")
b) Etude des trois adjectifs:
- étranger (v.7)
- comprimante (v.12)
- solaire (v.20)
3) Etude stylistique du texte. (10 points)
1998:
Les Mots - Jean-Paul Sartre.
Questions:
1) Lexicologie. (2 points)
Etudier les mots: raison (l.1); s'affalent (l.13)
2) Grammaire. (8 points)
a) Etudier les pronoms personnels, du début du texte à la
ligne 8 ("...Comme un chien.") (6 points)
b) Faire les remarques nécessaires sur: "que la toupie butât sur un obstacle ou
s'arrêtât, le petit comédien hagard retombait dans la stupeur animale"
(l.3-4). (2 points)
3) Stylistique. (10 points)
Etude stylistique du texte.
1999:
2000:
Octave, jeune débauché au grand coeur, promet à son ami Coelio de s'entremettre pour lui auprès de la belle Marianne, mariée à un vieux barbon dont Octave est le cousin. Une relation ambiguë s'amorce entre la jeune femme, à la vertu grondeuse, et le porte-parole. Mais plutôt que d'en profiter, Octave cède à Coelio le rendez-vous nocturne que Marianne a fini par lui accorder.
OCTAVE, seul. - Ecris sur tes tablettes, Dieu juste, que cette nuit doit m'être comptée dans ton paradis. Est-ce bien vrai que tu as un paradis? En vérité cette femme était belle et sa petite colère lui allait bien. D'où venait-elle? C'est ce que j'ignore. Qu'importe comment la bille d'ivoire tombe sur le numéro que nous avons appelé? Souffler une maîtresse à son ami, c'est une rouerie trop commune pour moi. Marianne ou toute autre, qu'est-ce que cela me fait? La véritable affaire est de souper; il est clair que Coelio est à jeun. Comme tu m'aurais détesté, Marianne, si je t'avais aimé! comme tu m'aurais fermé ta porte! comme ton belître de mari t'aurait paru un Adonis, un Sylvain, en comparaison de moi! Où est donc la raison de tout cela? pourquoi la fumée de cette pipe va-t-elle à droite plutôt qu'à gauche? Voilà la raison de tout. -Fou! Trois fois fou à lier, celui qui calcule ses chances, qui met la raison de son côté! L justice céleste tient une balance dans ses mains. La balance est parfaitement juste, mais tous les poids sont creux. Dans l'un il y a une pistole, dans l'autre un soupir amoureux, dans celui-là une migraine, dans celui-ci le temps qu'il fait, et toutes les actions humaines s'en vont de haut en bas, selon ces poids capricieux.
A. DE MUSSET, Les Caprices de Marianne, acte II, scène 4.
1)
Lexicologie. (2 points)
Etudier les mots ou groupes de mots suivants:
- un paradis (l.2)
- rouerie (l.4)
2)
Grammaire. (8 points)
a) Etudier la forme et l'emploi des déterminants et des pronoms démonstratifs dans
l'ensemble du texte (6 points).
b) Expliquer l'emploi du morphème de dans la construction suivante: "ton
belître de mari"(l.7). (2 points)
3)
Stylistique. (10 points)
Présenter un commentaire organisé des procédés stylistiques du texte.
2002:
- Enfant, l'épicier te vend des billes d'agate, aussi jolies que tes yeux brillants, des soleils aussi infatigables à tourner que tu l'es à courir, de la ficelle pour tes cerfs-volants et le cerf-volant lui-même. Vieil invalide, il te vendra le tabac éternel que tu fais passer de ton mouchoir dans ta tabatière et de ta tabatière à ton mouchoir; car le tabac, le nez et le mouchoir d'un invalide sont une image de l'infini aussi bien qu'un serpent qui se mord la queue, et mieux que cela, l'épicier te vendra la roquille d'eau-de-vie qui t'aide à endormir tes douleurs. L'épicier vend l'hostie et les cierges au prêtre, l'abécédaire et les plumes au maître d'école, les dragées au parrain, du savon à la mariée, de la liqueur à l'époux, du papier à l'électeur, des fusées au député, je ne sais pas ce qu'il ne vend pas... Il vend des drogues qui donnent la mort et des spécifiques qui rendent la santé. Il s'est vendu lui-même au public comme une âme à Satan. Il est l'alpha et l'omega de toute société humaine. Vous ne pouvez pas faire une lieue, un crime, une bonne action, un repas, une oeuvre d'art, une orgie, une maîtresse sans avoir recours à la toute-puissance de l'épicier. C'est la civilisation en boutique, la société en cornet, la nécessité armée de pied en cap. C'est l'encyclopédie en action, c'est la vie elle-même distribuée en tiroirs, en bouteilles, en sachets, en bocaux. Je préfère la protection d'un épicier à celle d'un roi. Soyez abandonnés de tout, même de Dieu, s'il vous reste un épicier pour ami, vous vivrez chez lui comme le rat dans son fromage. Aussi "nous tenons tout!..." vous disent-ils avec juste orgueil. Alors, quand vous lirez en lettres d'or: Un Tel, épicier du roi, demandez-vous avec terreur, qui est plus souverain, ou du roi de l'épicier ou de l'épicier du roi.
BALZAC. "L'Epicier", Galerie physiologique.
1. Lexicologie (2 points):
Etudier les mots: abécédaire, oeuvre d'art
2. Grammaire (8 points):
3. Stylistique (10 points)
Etude stylistique du texte.
Dissertation générale - Français moderne - Ancien français - Anglais.