Voici le récit assez long, de mon expédition à Tours, pour la session 2000.
        Pour commencer, et pour les personnes qui ne souhaiteraient pas lire cette histoire jusqu'au bout, voici un petit tableau récapitulatif:
 
 

                  *  Barre d'admissibilité: 8/20 soit 96/240 avec les coefficients.
                  *  Deux lettres avaient été tirées au sort pour définir l'ordre de passage des candidats. J'ai entendu parler de la lettre H, pour l'autre je l'ignore. Quand je suis passée, il y avait des P, des Q, des R, et des B, des C et quelques D.
                  *  Sujets sur lesquels je suis tombée:
                                    - Anglais: un texte ayant pour titre "Bread", extrait de Unabridged, Margaret Atwood.
                                    - Explication de textes: Le Rouge et le Noir de Stendhal, le monologue de Julien pendant son procès (Éditions GF Œuvres complètes pp. 513-514). De Messieurs les jurés..." à "...toutes les femmes pleuraient".
                                    - Épreuve sur dossier: comparaison entre deux manuels sur les paroles rapportées en 5ème. (Le français au collège 5ème, 1997, et Grammaire et Communication, 1997).

 

Mardi 27 Juin 2000.

        Je pars de chez moi à 9h le matin, papa au volant, mon conjoint comme co-pilote, direction Tours où je suis convoquée pour la réunion d'informations à 17h. Après quelques 5-6h de route, on arrive sur la ville. Reste encore à trouver le campus Grammont. Après quelques tours et détours (à Tours... ah ah ah, vous noterez que le Capes n'améliore pas l'humour), on finit par tomber sur des petits panneaux "Capes". On les suit, et nous voilà dans les bois. En effet, l'UFR de pharmacie où se déroulaient les épreuves est niché entre les arbres. C'est très agréable comme endroit, pour peu on se croirait presque en vacances...
        Repérage préalable du bâtiment où a lieu la réunion, discussion pour ce faire avec quelques appariteurs qui jouent aux cartes à l'entrée. Il est 15h30, l'heure de pique-niquer. Malheureusement, pas grand chose ne passe.
        En attendant l'heure fatidique, nous décidons de nous mettre en quête de notre hôtel. On avait réservé pour deux nuits à l'hôtel Formule 1 de Chambray-lès-Tours, qui finalement était à à peine 1 km de Grammont. 155f la chambre, c'était encore raisonnable, sachant que j'ai entendu pas mal de personnes dire qu'elles n'avaient trouvé de place nulle part, sauf dans des hôtels à 500f la nuit. A noter: à Grammont, il y a des possibilités d'hébergement en Cité Universitaire, à 80f environ la nuit. Encore faut-il recevoir sa convocation assez tôt pour réserver, les places étant chères, et l'accueil téléphonique très difficile à joindre.

        16h30 - Retour à l'UFR de pharmacie.
        17h - La réunion commence.
                    Tout d'abord, vérifications d'usage: convocation et pièce d'identité pour pouvoir rentrer dans l'amphi. Ensuite, appel des candidats, puis conseils généraux sur les épreuves, rappel des grands points, renseignements généraux comme la barre d'admissibilité 2000 (à 8/20 ou 96/240). Ensuite, les appariteurs nous distribuent nos convocations aux épreuves.
                    C'est non sans une certaine angoisse que je constate que je suis convoquée le lendemain à 7h05, moi qui ne suis décidément vraiment pas du matin.
                    Voilà ce que donnait ma convocation:
                            Anglais: Convocation le 28/06 à 7h05, passage à 8h15.
                            Explication de textes: Convocation le 28/06 à 12h25, passage à 14h05.
                            Épreuve sur dossier: Convocation le 29/06 à 8h15, passage à 10h25.
                    Nouveauté cette année: nous avons le droit d'écrire sur les photocopies, même si elles sont plastifiées, pour les épreuves de langue et d'épreuve sur dossier. Cette initiative a pour but de nous permettre de nous éloigner de nos notes. Décision à saluer.
                    Enfin, les traditionnelles questions, et nous voilà dehors.

        Brève visite du centre ville de Tours, et retour à l'hôtel, parce que mes chauffeurs voulaient absolument regarder le match France-Portugal...
        Dodo à 11h.

Mercredi 28 juin.

        Réveillée à 4h30, je revois dans ma tête le vocabulaire de l'analyse de textes en anglais, ainsi que les connecteurs logiques. à 5h45, je sonne le branle-bas de combat.
        Un conseil: ne faites pas comme moi, n'oubliez pas votre réveil. C'est très désagréable de se tourner et se retourner dans son lit en se demandant si le portable et le réveil de la télé vont bien sonner. Pourtant, j'en avais prévu deux... qui sont restés sur ma table de nuit...
        A 6h30, le petit déjeuner de l'hôtel refuse obstinément de rentrer dans mon œsophage. Je réussis péniblement à avaler un verre de jus d'orange, et en route.

Anglais.
        Pour commencer, je discute avec une fille dans le couloir qui me confie avoir vomi deux fois le matin. Comme je la comprends... Mais la pauvre a l'air tellement désemparée que j'essaye de faire de mon mieux pour la rassurer. Pourtant je n'en mène pas large.
        A 7h05, les appariteurs sortent de l'amphi où l'on prépare les épreuves, et font l'appel, en vérifiant les convocations et les identités, et en nous donnant nos sujets. Interdiction, bien sûr, de les regarder.
        On entre dans la salle, on nous place sur la partie droite de l'amphi, réservée à la préparation de l'épreuve de langue (ou de latin). Au signal, nous retournons les sujets. 1h de réparation. (Pas de dico en anglais, Gaffiot sur les tables en latin)
        Mon texte était extrait de Unabridged de Margaret Atwood, et avait pour titre "Bread". Je vais brièvement tenter de vous le décrire, en attendant de l'avoir retrouvé:

            Le premier paragraphe demandait au lecteur d'imaginer qu'il se trouvait dans une cuisine, et qu'il tartinait une tranche de pain. ("Imagine you're in a kitchen..."). Jusque là rien de bien méchant.
            Le second commençait par "Imagine a famine..." Toujours une tranche de pain, mais dans une pièce aux murs de "dried earth", où il fait chaud, et où notre sœur est en train de mourir de faim. Que faire? Lui donner la tranche de pain, sachant qu'elle est en moins bonne santé que nous, ou la garder, puisqu'on a plus de chance de survivre?
            Troisième paragraphe: "Imagine a prison..." On pense à la tranche de pain, mais aussi à nos camarades qui vont mourir...
            Quatrième paragraphe: Une veuve avec 5 enfants, qui n'a plus rien à manger, va voir sa sœur, riche et sans enfants, qui a un morceau de pain chez elle. Elle lui demande de lui donner un morceau. La sœur refuse en prétextant qu'elle en a juste assez pour elle. Le mari rentre à la maison, et veut s'en couper une tranche. Il le fait, et c'est du sang qui coule. On nous dit qu'il s'agit d'un conte de fées allemand.
            Dernier paragraphe: de retour dans la cuisine du début du texte. Tout est pareil sauf un petit détail: le pain flotte en l'air au-dessus de la table.

            Même si ce texte peut paraître déroutant à première vue, je suis contente d'être tombée dessus, parce que j'ai réussi, je pense, à en faire un commentaire qui tient la route. Ça donnait à peu près ça:
                                        1) Un voyage initiatique (universalisation de la portée du texte et lecteur qui rentre bien dans le récit par l'emploi de questions ouvertes et du pronom "you"; j'ai fait une comparaison avec les romans médiévaux de Chrétien de Troyes, où le héros part de sa contrée, y revient, mais est changé; j'ai parlé de la circularité du texte, d la signification du titre, du fil directeur que représente le pain, etc...)
                                        2) qui mène à une réflexion sur le choix et sur la condition humaine (qu'est-ce qui est le plus important, soi ou autrui, etc...)
                                        3) et à une réflexion sur le réel et l'imaginaire (référence à la seconde guerre mondiale, portée de l'exemple du conte de fées, qui, pris au niveau du quatrième paragraphe seulement, pouvait rester anecdotique, mais qui, si on on le comprend comme un qualificatif de tout le texte, peut conduire à une réflexion du type: qu'est-ce qui devrait être imaginaire et qu'est-ce qui devrait être réel, etc...)

            Pendant l'entretien, les deux personnes (deux femmes) qui composaient le jury m'ont demandé de traduire le passage qui était indiqué dans le sujet (ça a été, globalement), puis de revenir sur ce que j'avais laissé de côté dans le texte. Elles m'ont demandé, dans le paragraphe sur la famine, si je ne voyais pas une autre allusion que celle de la Seconde guerre mondiale, à partir des expressions suivantes: "dried earth", et "hot room" (je crois, je n'ai plus l'expression exacte en tête). Au bout de pas mal de péripéties, j'ai fini par trouver: cela se passait de nos jours, en Afrique. Bref, contresens sur une petite partie du texte. Ensuite, elles m'ont demandé de dire pourquoi Margaret Atwood avait choisi le pain et pas un autre aliment (un pomme ou une poire par exemple). J'ai répondu qu'à mon avis, c'était parce que le pain était symbolique du minimum vital, qu'il était commun à de nombreuses civilisations, et que cela participait de l'universalisation du texte. Elles ont poussé plus loin les questions, pour que je trouve qu'il s'agissait d'une référence biblique. Ensuite, je ne me rappelle plus des questions, qui étaient quand même moins importantes.
            En sortant, j'ai quand même réussi à faire s'envoler mes feuilles de notes dans toute la pièce (ne me demandez pas comment j'ai fait, c'est une recette dont j'ai le secret.

            Bref j'ai essayé de sauver les meubles, l'avenir me dira si j'ai réussi.

            Quelques précisions: on préparait dans un amphithéâtre, et on passait les épreuves dans les chambres d'une cité universitaire. Il y avait 5 petites minutes de marche entre les deux bâtiments, bref une petite promenade de santé pour respirer un peu avant de passer. Les chambres font à peu de choses près 9m². Imaginez donc trois examinateurs en moyenne, plus le candidat, plus des éventuels spectateurs dans une si petite pièce... Beaucoup de monde a cassé du sucre sur le dos des organisateurs. Je trouve pour ma part que c'est un peu injuste. Je pense que la logistique d'un tel concours est très difficile à mettre sur pieds, et franchement, moi j'ai apprécié cette promiscuité. Je m'attendais un peu à être dans un amphi (la seule image que j'avais en tête, c'était celle de Sophie Marceau dans l'étudiante, qui passe l'agreg de Lettres Classiques, devant un jury à trois mètres au-dessus d'elle dans ses chaires), et j'ai vraiment préféré être à la même hauteur que mes examinateurs, ça permet de rendre moins "théâtral" l'heure que l'on passe en face d'eux.
            Toujours est-il que si moi je n'ai pas eu de spectateurs pendant mes "performances", j'ai entendu d'autres candidats dire que ceux-ci étaient placés à l'intérieur des douches... :))

            Après ces émotions, je suis retournée à l'hôtel où j'ai dormi une heure et demie pour récupérer de ma courte nuit.

Explication de textes.
            Vers midi, rebelote. Retour à l'amphi, appel des candidats. Le choix du sujet ne se fait pas tout à fait de la même manière qu'en anglais. On entre dans la salle (cette fois-ci dans la partie gauche), et selon la commission dans laquelle on est, on choisit une grande enveloppe en Kraft, et ensuite on nous place dans l'amphi. Au signal, ouverture des enveloppes. 1h30 de préparation.

            J'ai ouvert mon enveloppe et j'en ai sorti deux livres et un billet (qui doit être daté, signé et remis au jury au début de l'épreuve). J'ai eu le choix entre Les précieuses ridicules de Molière et Le Rouge et le Noir de Stendhal. Étant donné que Molière et moi on est en froid depuis quelques temps, j'ai mis à peu près un quart et demi de seconde à faire mon choix. Je me suis donc lancée dans l'explication du monologue de Julien Sorel, à la fin du roman, pp. 513-514 dans l'édition GF Œuvres complètes.
            C'est le moment où il s'accable et où il rend son crime (avoir tiré sur Mme de Rênal) horrible, tout en faisant de son procès celui d'une classe sociale.

            Comme j'ai fait une étude linéaire en suivant les mouvements du texte, je ne peux pas vous donner le contenu exact de mon explication. Je pense m'en être à peu près sortie, j'ai adopté un bon débit de parole, et j'ai tenu 27 mns.

            Je suis sortie de la salle pour que le jury "établisse une note plancher et mette en place la stratégie d'entretien" (sic). Un conseil pour tous ceux qui iront à l'oral l'an prochain: SORTEZ AVEC VOTRE BOUTEILLE D'EAU! Moi j'ai oublié la mienne dans mon sac, dans la salle où je passais. Je me voyais mal frapper pour réclamer ma bouteille. Or imaginez l'état de votre bouche après avoir parlé 1/2 heure, avec le stress...
            Heureusement, une fille est sortie de sa commission en même temps que moi, et a eu la gentillesse de me laisser boire un peu d'eau.

            Au bout d'une dizaine de minutes, on m'a demandé de rentrer.
            Là on m'a "mise au courant" qu'il s'agissait d'un entretie ayant pour but exclusif de valoriser l'exposé que j'avais fait. Alors qu'on m'explique pourquoi j'ai passé la pire 1/2 h de toute ma vie!!! Ils ont passé au crible toute mon explication, tout le texte, en me posant des questions qui avaient trait au texte, oui, mais pas vraiment à la littérature: des questions de droit pénal, des questions juridiques. Comment se déroule un procès, dans quel ordre les différentes parties prennent la parole, un accusé a-t-il le droit de se substituer à son avocat s'il en a un, et au XIXème, comment cela se passait-il? Ensuite, j'ai eu droit aux questions d'histoire: réciter la succession des régimes au XIXème siècle. Comme il est vrai que je n'avais pas revu mon histoire de France avant de revenir, j'ai bredouillé quelques souvenirs de prépa, ce qui m'a valu un "mais enfin, c'est inadmissible, c'est du niveau de 6ème ça!..."
            Qui plus est, ils rigolaient allègrement entre eux pendant mon introduction (je ne me suis pas démontée, j'ai continué, et faut-il croire que ça leur a plu: arrivée à la lecture du texte, on aurait pu entendre une mouche voler :)
            Point de vue grammaire, ils m'ont demandé de façon informelle de distinguer récit, discours direct, indirect et indirect libre dans le passage, et curieusement, c'est là que j'ai butté, alors que je savais quoi faire... Nouvelle indignation dans le jury.
            Pour finir, j'ai eu le droit à ma question de grammaire en bonne et due forme: analyser la phrase (coupée) "Quand je serais moins coupable, je vois des hommes [...]". Bien m'en a pris, j'avais vérifié la signification exacte de "quand" dans le Littré pendant la préparation. Résultat, si vous ne le savez pas: quand + conditionnel exprime à la fois la concession et l'hypothèse. Ils m'ont demandé de me mettre dans la peau d'un prof de français en 6ème qui explique la concession aux élèves, et de leur donner un exemple simple de concession. J'ai pondu "Bien que j'aime le cinéma, je n'ai pas pu y aller ces derniers jours" (ce qui au passage est totalement faux car j'ai arrêté de revoir le samedi, et je me suis consacrée dimanche et Lundi à la fête du cinéma, pour évacuer un peu tout le stress du concours :)) Ça a eu le mérite de les faire rire pour terminer l'exposé.

            Et je suis sortie. J'avais la tête en bouillie, mais au moins j'avais la satisfaction d'avoir donné le meilleur de moi-même.

            Ensuite, visite de Tours, des bords de la Loire, dîner, puis soirée à regarder contre mon gré (papa avait exigé) Questions pour un champion :)))))

Jeudi 29 juin.

            J'ai très mal dormi et j'ai eu un mal fou à me réveiller à 6h30. Après un petit déjeuner sommaire, rien ne rentrait pour ne pas changer, en route pour la dernière ligne droite: l'épreuve sur dossier.

Epreuve sur dossier:
            Dans le couloir, pendant que les appariteurs faisaient l'appel et donnaient les sujets (que nous n'avions bien entend pas le droit d'ouvrir), e me disais "pourvu que ce ne soit pas un dossier de grammaire, pourvu que ce ne soit pas un dossier de grammaire..." Et bien Vlan, quand j'ai ouvert la chemise dans laquelle se trouvait le dossier en question, la première chose que j'ai vue en bas d'une page a été "pronom personnel". Là, un quart de seconde de réflexion pour se rassurer: ça ne veut rien dire, c'est peut-être dans le cadre de la lecture méthodique.
            Et bien non. C'était bien un dossier de grammaire, sur les paroles rapportées en 5ème, comparaison de deux manuels de 1997 (Le français au collège 5ème et Grammaire et communication), c'est-à-dire justement ce sur quoi j'avais butté la veille en explication de textes.

            Je ne me démonte pas, malgré tout, je parviens à construire un commentaire qui, à mon idée, tient la route. Plan un peu beaucoup sommaire: points négatifs - points positifs, enfin "les manuels semblent être en conformité avec ce que l'on peut attendre d'un manuel de 5ème - mais cette observation ne tient pas la route quand on analyse plus profondément le dossier". Mais ce plan comprenait les principales caractéristiques et conclusions qu'on pouvait tirer du dossier: absence de l'écrit et de l'oral, pré-requis, différences du niveau des élèves concernés, objectifs visés, moyens pour les atteindre, conformité avec les I.O. ou pas, analyse de la place des chapitres dans les recueils, etc...
            Pour aborder la dimension civique de l'enseignement, j'ai fait un élargissement en conclusion sur l'importanc de savoir reconnaître une situation d'énonciation pour se forger son propre jugement, en prenant pour exemple le cas du Journal télé, où savoir qui parle et qui fait des commentaires (déclaration d'un chef d'état / commentaire sur cette déclaration par les journalistes) permet de se forger un esprit critique.

            Après deux heures de préparation et 5 mns de promenade dans les bois, j'arrive devant le jury, je fais mon exposé. Horreur, au bout de 21 mns, j'ai fini mon commentaire. Je sors pendant un bon quart d'heure (je me demande encore ce qu'ils ont pu trouver à se raconter pendant tout ce temps). Je vois les autres qui sortent de leur commission, qui y entrent à nouveau, et moi je suis toujours dans le couloir à attendre qu'on veuille bien m'ouvrir la porte.

            Me revoilà, finalement, devant le jury. Là j'étais tellement déstabilisée qu'ils m'ont posé des questions qui, avec du recul étaient d'une grande facilité. Dire qui est "Je" dans un texte: moi, je m'embarrasse de "pronoms personnels", de termes empruntés à Greimas, locuteur, destinataire... Il attendait tout simplement énonciateur... Et j'ai été comme ça de mal en pis, en passant par une identification du système ici/là-bas que j'ai mis 2 mns à trouver pour bredouiller trois questions plus tard "déictique" alors que je le savais fort bien. De plus ils n'arrêtaient pas de me couper la parole dans mes explications, ce qui ne facilitait pas une réflexion ordonnée.
            Question de vie dans l'établissement: "dans quel cadre juridique s'inscrivent les punitions?". Evidemment, je ne m'en souvenais plus, je n'avais pas passé cela en revue parmi tout ce que j'ai potassé, pourtant. J'ai fini par conclure en disant que ce qui se passait dans la classe était de la responsabilité du prof (avertissements, devoirs supplémentaires, ...), et que tout ce qui impliquait du hors-classe était du ressort des CPE et du chef d'établissement (retenues, exclusions définitives ou temporaires...). C'est ce que la logique me dictait. Je n'ai même pas vérifié par la suite si j'ai eu raison ou pas. Toujours est il qu'ils ne m'ont pas contredit, et qu'ils m'ont remercié (de quoi je me le demande) avant de me faire sortir.

            C'est fou comme on a du mal à mobiliser ses connaissances face à l'adversité, et dans l'instant, en étant fatigué. Bref, j'ai passé un moment que je ne souhaite à personne. Franchement, je suis sortie de cette épreuve avec un sentiment d'échec dévastateur, je m'en voulais, et en plus de la fatigue et du cerveau en bouillie, j'avais la certitude qu'il me faudrait rempiler l'année suivante.
 
        
 

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