Quand j'ai commencé à travailler en vue du Capes, je ne savais pas par quel bout commencer. La masse de travail qui m'attendait me décourageait d'autant plus que je n'avais pas la moindre idée de la marche à suivre. Puis je me suis organisée.
              Pour ceux qui ont besoin de conseils pour se mettre en route, voici les méthodes de travail que j'appliquais:
 

Préambule.

            Pour commencer, vers début juin,  j'ai feuilleté les rapports de jury à la bibliothèque universitaire, afin d'avoir une idée de ce qu'on allait me demander. Ensuite, j'ai lu des ouvrages assez généraux (Cap sur le Capes est très bien de ce point de vue là). Cette première approche est très importante à mes yeux (on ne se met pas au volant d'une voiture sans avoir quelques notions de conduite). Après cela j'ai su comment organiser mon travail pendant les congés scolaires.

Vacances d'été.

           J'ai travaillé (pour gagner un peu d'argent) au mois de juillet, et j'ai mis à profit le mois d'août pour relire les classiques de la littérature française, comme Le père Goriot de Balzac, La Peste de Camus, Une vie de Maupassant, Madame Bovary de Flaubert, ou encore Zola, Rostand et Baudelaire. J'ai réalisé des fiches sur ces oeuvres, ainsi que sur mes souvenirs de lecture, avec l'aide de quelques anthologies.
           Je me suis ensuite attaquée aux Textes Littéraires Généraux et à La dissertation littéraire générale, de Chassang et Seninger, ouvrages que j'ai trouvés passionnants, malgré les multiples tomes qu'ils comportent. Vu que je faisais ma maîtrise en même temps cette année-là, j'ai également commencé à travailler sur mon sujet, et septembre est très vite arrivé.
           Ce que je n'ai pas fait mais que j'aurais dû faire: me renseigner sur l'œuvre au programme en ancien français, relever les substantifs et expressions susceptibles de faire l'objet d'une étude, et faire la traduction du texte au programme.
           Une dernière chose, mais pas des moindres: pensez à partir en vacances, ça peut servir ;)

La dissertation.

           - Les cours que j'ai eu à l'IUFM (en commun avec les inscrits en "CAPES" à la fac et par des profs de cette même fac) m'ont été très utiles, car ils traitaient des grandes questions comme "poésie et traduction", "auteur/lecteur", "la critique", "les courants littéraires", "la notion de genre littéraire", etc... Ainsi, j'avais un nombre assez conséquent de fiches sur des sujets donnés, qui me permettaient d'embrayer sur des recherches personnelles. Ces cours en rapport avec la dissertation étaient répartis comme suit: roman, puis poésie (1 sem./2), théâtre, puis dissertation (1s/2), chaque cours pendant 2h.
           - Je tiens à signaler quelques ouvrages pour commencer à aborder concrètement les diverses questions de la dissert: Les genres littéraires de Stalloni, ouvrage très court et néanmoins complet, a remis en place des connaissances que j'avais plus ou moins enfouies au fin fond de ma mémoire. Lire le théâtre, d'Ubersfeld, Le roman, de Raimond et La poésie (dans la collection Cursus) sont très utiles aussi pour avoir ou se remettre en mémoire des connaissances assez généralistes.
            - Une de mes profs a pour habitude de dire qu'une bonne dissertation est structurée, justifiée et nuancée (à savoir un plan clair, des exemples (de 1 à 3) pour étayer chaque idée, et pas de propos catégoriques).
           - Quelle que soit la façon dont vous préparez le concours, ne négligez pas l'aspect entraînement intensif, faites chacune des dissertations que l'on vous proposera. Chacune d'entre elle restera gravée dans votre esprit et vous permettra de resituer vos connaissances le jour J.
           - Retournez faire un tour du côté de chez Aristote et de sa Poétique, surtout la classification des genres, c'est important d'avoir des connaissances là-dessus.
           - Pour continuer sur le côté travail personnel, je me suis mise à faire des fiches synthétiques et assez longues sur les grands auteurs. J'ai grosso-modo fait une compile de ce que disaient les anthologies.
           - J'ai beaucoup utilisé les Profils d'une oeuvre pour essayer de combler mes (inévitables) lacunes. J'ai aussi essayé une méthode un peu étrange, mais qui m'a été profitable: tout en travaillant (fiches, surlignage, bref des activités qui ne demandaient pas une concentration de tous les instants), j'écoutais des livres enregistrés sur cassettes, que l'on peut emprunter dans toute bonne médiathèque. C'est comme cela que j'ai découvert Salammbô de Flaubert, Nadja D'André Breton, et Les mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar. Il est évident que si ces deux méthodes étaient adaptées à ma façon de travailler, ce n'est pas le cas de tout le monde. Trouvez votre propre rythme et tout ira pour le mieux.
           - J'ai commencé la rédaction d'un carnet de citations divisé en différents chapitres (théâtre, roman, poésie, critique, etc...). Je me suis ensuite aperçue qu'il m'était très utile avant chaque dissertation.
           - Ensuite vient le gros morceau du travail: les livres plus pointus, sur des sujets tels que la poétique de Proust, le roman poétique, le théâtre symboliste, etc... Essayez de ne pas vous éparpiller, restez dans le cadre de vos cours ou de votre progression personnelle. L'idéal est que chaque lecture s'inscrive dans un fil directeur.
 

L'Ancien Français.

           - Là je pense qu'il faut commencer comme je l'ai écrit précédemment, par faire une liste des mots intéressants (voyez grand, 200-300 ne doivent pas vous faire peur). Ensuite, effectuez des coupes selon votre humeur (exit les mots bateaux, ceux qui sont sortis au concours dans les cinq dernières années, etc...), même si ce n'est pas forcément un très bon conseil. Je sais, il est assez rageant de se dire que seulement deux mots (ou quatre si l'on compte la phonétique) sur toute cette liste (et encore, avec de la chance) vont tomber, mais je ne vois pas vraiment d'autre solution. Au début de l'année, formez des groupes de travail et répartissez-vous les mots en question. (Quand il n'en reste plus qu'une petite quarantaine à faire en tout et pour tout , ça paraît tout de suite beaucoup plus gratifiant).
           - Ma méthode pour l'analyse d'un mot:
                                        1) repérer les occurrences du mot dans le texte.
                                        2) analyse du mot (genre, nombre...).
                                        3) étymologie si possible.
                                        4) sens du mot en Ancien français en général, et dans le texte en particulier.
                                        5) paradigme morphologique.
                                        6) paradigme sémantique.
                                        7) évolution du mot jusqu'à nos jours.
                                        8) paragraphe sur l'évolution phonétique du mot jusqu'à nos jours.
           - Très vite, au tout début de l'année, réapprenez ou apprenez l'alphabet phonétique international. 
           - Faites vos fiches de phonétique.
           - Effectuez la traduction du texte au programme.
           - Faites des fiches de grammaire de l'Ancien français.
           - Participez à tous les devoirs.

Français moderne.

           - Le gros morceau, selon moi, dans cette matière, c'est non pas l'analyse stylistique en elle-même, mais retenir tous les aspects grammaticaux. Je vais essayer de vous en proposer une liste à titre d'exemple:
 

L'anaphore (et la cataphore)
L'apostrophe.
L'infinitif.
Les déterminants.
Les adjectifs
Les modes personnels.
Les adverbes.
Les relatives.
Les pronoms.
Le discours (direct, indirect, indirect libre...)
Les subordonnées.
Phrase simple, phrase complexe.
Les valeurs des modes et des temps.
Le mode impersonnel.
Les présentatifs.
La dérivation nominale.
Le groupe nominal.
Les aspects.
Que.
Les prépositions.
L'interrogation, l'affirmation et la négation.
Les complétives.
L'hypothèse.
Les auxiliaires modaux.
L'infinitif.
Voix passive, active...
Etc...

           - Ensuite, il faut de familiariser avec l'analyse de vocabulaire. Il va de soi qu'on ne peut pas retenir tous les mots du dictionnaire. C'est donc la méthode qui doit pouvoir se calquer à toute situation:
                                    1) Analyse du mot (nature, genre, nombre, registre...)
                                    2) Etymologie, ou tout au moins formation du mot (ex: si vous ne savez pas que tel mot vient de telle origine latine, expliquez au moins qu'il a pour radical tel verbe ou tel mot. Jouez sur les préfixes et suffixes pour expliquer le mot en question.)
                                    3) Sens (au pluriel) du mot en général.
                                    4) Sens du mot dans le texte.
                                    5) En quoi l'étymologie, la formation et le sens du mot éclairent le ton général du texte, explicitent la pensée de l'auteur. (ex: un mot du registre familier au beau milieu dun texte en vocabulaire soutenu doit attirer l'attention)
           - En ce qui concerne l'analyse stylistique, il n'y a pas de secrets, il faut se plonger dans les exercices, apprendre à reconnaître une problématique dans la forme du texte... Dans certains livres, on trouve des façons très intéressantes d'aborder cette analyse stylistique. Mais je reste convaincue que la pratique apporte bien plus.

Anglais.

           - Là encore, c'est la pratique régulière de la version qui vous armera le mieux. Un petit truc: après chaque version, notez sur une feuille que vous conserverez vos principales erreurs. Cela permet de relativiser et d'avoir en tête ce que l'on a à améliorer.

Epreuve sur dossier- Explication de texte - Commentaire en langue vivante.

           - Pour ces épreuves, je ne peux pas vraiment vous donner de conseils, car je suis en plein dedans, et je n'ai aucun recul. Mais tout de même:
           -  Faites ce que je dis et non pas ce que je fais: commencez à préparer l'oral dès le début de l'année, parce qu'un délai de 2 mois et demi (entre l'écrit et l'oral), c'est loin d'être suffisant. Mais bon, je ne vais pas vous faire la morale, car avec ma maîtrise à préparer, j'ai un peu (complètement) laissé l'oral de côté.
           - Ne vous découragez pas (comme moi) après les écrits. Se dire "j'ai raté l'écrit, je ne prépare pas l'oral" a valu à une de mes amies de ne pas avoir son Capes l'an passé. Inutile de vous raconter le coup de flip qu'elle a eu lorsqu'elle a vu son nom sur la liste des admissibles, et qu'elle a constaté qu'elle n'avait que 8 jours pour préparer l'oral...
           - Pour l'épreuve sur dossier, plongez vous dans les manuels scolaires pour être au courant des groupements généralement étudiés. N'oubliez pas non plus les instructions officielles.
           - Pensez à La Fontaine, seul auteur réellement inscrit dans les textes officiels.

            J'attends vos méthodes que je me ferai un plaisir de mettre en ligne.

 

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