Un exemple d'analyse de vocabulaire:

 

A partir de quels livres travailler pour l'analyse  

              - Dictionnaire Larousse d'évolution de la langue.
              - Dictionnaire de Furetière.
              - Keffelec-Belon. 
              - Batany.
              - Hélix.
              - Andrieu Reix.
              - Les rapports de jury.

 

6 étapes:

1) Identification du mot

2) Etymologie

3) Sens du mot en AF

4) Paradigme morphologique

5) Paradigme sémantique.

6) Evolution ultérieure du mot.

 

Ost (os, ot, ou host).

Identification du mot:

V.998: "Lor ost plaigniere" = leur armée toute entière.

V.1223: "De l’ost se partent troi glouton pautonnier" = trois misérables scélérats quittèrent l’armée.

V.2219: "les os se voient, molt se vont redoutant" = les armées s’observaient et se redoutaient fort.

+ V.1832.

Étymologie:

Ost vient du latin "hostis", "étranger" puis "ennemi". l’"hostis" est "un étranger de droit égal". Mais il devient vite concurrent de "hospem" (qui donnera hôte, hôpital...) dans le sens d’étranger. La relation de l’hôte (hostis) et de celui qu’il visite (hospem) est une relation de compensation (on reçoit par exemple parce qu’on a déjà été reçu). De là, le sens de hostis a alors glissé vers l’échange de dons, et vers l’idée d’"homme extérieur à la communauté, à la civitas", puis vers "ennemi potentiel", et enfin vers "ennemi" tout court.

De l‘expression "ire ad hostem", "marcher à l’ennemi", est né ost au sens d’armée.

Sens du mot en Ancien Français:

- armée - "ost de chevaux" = corps de cavalerie.

- combat, guerre privée mais d’importance, surtout celle du suzerain ("Je ai honte de raconter les ost des freres charnels")

- expédition. -"être en ost" = être en campagne. ( "Si le rei n’est en ost ou en chevauchiee")

- camp - "faire ost" = former un corps de troupes à part, se tenir à l’écart. ("un bataillon fera ost")

- On trouve aussi l‘expression "ost banie" = "convocation du ban et arriereban, lorsque les vassaux étaient tenus de suivre leur Seigneur en guerre ou de lui fournir un homme, ou certains deniers pour le racheter" (déf. de Furetière.)

Sens du mot dans le contexte:

A le sens d’armée comme groupe d’hommes à chaque fois qu’il apparaît dans le texte.

Paradigme morphologique (mots de la même famille):

- ostage (cf. fiche sur ce mot.)

- hostie - vient de la même racine latine que ost, qui a ensuite connu une de ses évolutions vers "hostire", "frapper", puis vers "hostia" en latin classique, qui désignait une victime offerte en expiation aux dieux, en compensation pour une faute, par opposition à "victima", "victime offerte en remerciement".

Le latin ecclésiastique reprendra "hostia" dans le sens de "offrande de son corps", (martyre), "victime eucharistique", "hostie".

En Ancien Français, ce mot s’est imposé dans son acceptation religieuse, sens qui s’est maintenu jusqu’aujourd’hui dans "hostie", corps du christ.

Le sens du latin classique "victime" sera repris au 14ème s., se répand au 16ème, mais vieillit vite à partir du 17ème. Par extension, ce mot a été utilisé par les prédicateurs du 17ème pour désigner une personne qui se consacre à Dieu.

- hostif (adj.) - vient de "hostilis", dérivé de "hostis" au sens d’"étranger", "ennemi potentiel". Signifie "hostile", mot qui apparaîtra en tant que tel au 16ème siècle.

- (h)ostiage (n.m.) - querelle.

- osteor (/ostoieor) - (n.m.) combattant, guerrier, militaire.

- ostin - armée.

- ostoiement (n.m.) - combat, guerre.

Paradigme sémantique (synonymes en AF):

- "Peregrins - en latin, pour le sens d’étranger, hostis avait pour concurrent "peregrinus" "qui voyage à l’étranger, vient de l’étranger, concerne l’étranger".

Ce mot a tout d’abord eu en Ancien Français le sens d’étranger, adjectivé dans l’expression "peregrins a", "étranger à". Il est spécialement employé en parlant de l’être humain de passage sur cette terre (fin du 12ème s.) Il désigne aussi celui ou celle qui se rend par piété dans un lieu saint, et par métaphore, le chrétien qui, durant sa vie terrestre, chemine vers la cité céleste (1225). Historiquement, il s’est appliqué aux croisés (fin 12ème-13ème). Un lieu saint étant très souvent au moyen âge un but de voyage, le mot s’applique plus généralement à un voyageur.

Il sera aussi appliqué à une espèce de faucon (12ème s.), et à un requin géant.

Il prendra ensuite rapidement le sens de vaurien, car des trafiquants et bandits se mêlaient aux pèlerins, sens péjoratif qui s’affaiblira en "individu, personne" (en locution "je connais le pèlerin). Vers la fin du 14ème s., le mot désigne aussi bien un pauvre hère et un bon compagnon.

Donnera pèlerinage et pèlerine (vêtement)

Évolution du mot:

Furetière (17ème) en parle comme d’un "vieux mot". Ost a été éliminé à partir du 16ème s. par "armée", participe passé substantivé de "armer". Il ne subsiste que dans des expressions techniques comme "service d’ost".