Voici pour commencer un petit tableau récapitulant les conseils que moi, petit scarabée
en apprentissage du Capes, j'ai retenu de mes deux passages à l'oral:
Arrêter de revoir au moins deux jours avant les oraux, faire le vide dans son esprit, sortir, voir des amis, séances ciné, etc... |
Bien dormir, bien manger. (Sinon risque de grosses gaffes le dernier jour) |
Trouver un hôtel pas trop loin du site des oraux. |
Arriver au moins quelques heures à l'avance, pour repérer le terrain et l'endroit où vous êtes convoqués. |
Prendre une bouteille d'eau dans votre sacoche, et l'utiliser pendant la préparation et juste avant d'"entrer en scène". Ne pas oublier de la prendre avec vous pendant que vous sortez et que le jury délibère: après une demie-heure de blabla et de stress, on a la bouche sèche et, pardonnez moi les détails, de la salive sechée au commissures des lèvres. Comme ça, on reste frais, d'autant plus que le plus dur reste à venir: l'entretien avec le jury. |
Copinez avec les personnes
convoquées en même temps que vous, ça permet de se sentir moins seul, mais surtout ne
tenez pas compte de ce qui se dit dans les couloirs, sinon, il y a de quoi prendre ses
cliques et ses claques et rentrer chez soi. J'ai entendu parler dans les couloirs de: - un membre du jury qui saquait les filles si elles n'étaient pas en tailleur jupe / chignon. - une personne qui serait tombée dans les pommes pendant son passage. - de commentaires d'un jury qui auraient donné à peu près ça: "Comment, mais pourquoi vous êtes-vous inscrit au CAPES, êtes-vous sûr d'avoir la licence?" ou "Vous passez le Capes ou le Cafep? Le Cafep? Dommage pour vous..." - d'un jury qui demandait combien de fois on s'était déjà présenté au Capes, et qui dénigrait systématiquement les prestations de ceux qui passaient le concours pour la première fois. Je vous en passe et des meileures. Sachez que ces commentaires sont sans aucun fondement: ils viennent tous de "quelqu'un qui a vu", de "on", ou de "quelqu'un qui connaît quelqu'un". De plus, cela m'étonnerait que de tels jurys livrent leurs secrets au premier venu... |
Prévoyez un en-cas, les préparations sont longues. |
Soyez rapides pour choisir votre sujet en explication de texte, 2h, c'est très court. |
Il est vrai qu'il faut "bien
présenter". Un de mes profs disait que l'on doit endosser un costume pour incarner
un personnage de prof, et convaincre le public (jury) qu'on l'est. Donc, n'arrivez pas en
pull. Costard pour les messieurs, et tailleurs pour les demoiselles, c'est vivement
conseillé. C'est vrai que j'en ai vu beaucoup dans les couloirs, mais il n'y avait pas
que cela. Bien habillé c'est déjà ça :)) |
Avant de partir pour Tours, j'ai fait ma petite enquête autour de moi, et voici les conseils que j'ai glanés, auprès de diverses listes de diffusion ou par mails interposés (je remercie tout particulièrement Julie boutard, la "webmasteureuse" du site "Pour préparer le capes de Lettres Modernes").
Julie Boutard à propos de l'épreuve sur dossier:
Je
fouille dans ma mémoire .... et je ne vois qu'une solution universelle : faire son plan
en fonction des document fournis. Comme pour la dissert', je pense qu'il est préférable
d'éviter le plan-type (qui convient moyennement à tout ou presque, mais ne convient
parfaitement à rien), et de suivre une progression qui peut-être celle de la
découverte, c'est-à-dire celle de l'approfondissement de l'observation.
Je peux te donner
un exemple, tiré d'une expérience réelle: le choix d'un nouveau manuel de sixième.
I. Le manuel semble suivre les recommandations des IO :
- observation de la TDM : les grandes divisions du manuel
(ensembles de chapitres) correspondent à des objectifs de lecture/écriture Communiquer /
Raconter / Décrire ....)
- L'organisation du chapitre semblent privilégier une démarche inductive (observation /
leçon / exercicesd'application et de production)
II. Dans les faits, il reste assez traditionnel :
- La leçon n'est pas directement liée à l'observation qui précède.
- Elle met en avant les savoir plus que les savoir-faire
- les exercices d'application ne permettent pas une réelle mise en oeuvre dans les
productions des élèves.
Je te
laisse tirer toi-même la conclusion d'une telle observation ;-)
Par ailleurs, si
je ne retranscris pas ici l'observation d'UN manuel, je peux t'affirmer que nombreux sont
ceux qui pourraient, en totalité ou en partie, correspondre à cette description :-(
A propos de la question de vie
en établissement:
Voici quelques références (bibliographie
donnée par un formateur IUFM, je n'ai pas lu moi-même ces ouvrages) :
- "L'établissement scolaire", CNDP, collection "organisation scolaire et
universitaire"
- "Le système éducatif français", J.L. Auduc, J. Bayard-Pierlot, CRDP de
Créteil
Bonne lecture !
A propos des questions de
grammaire et de vie dans l'établissement:
En grammaire, on m'a posé une question
sur les différentes valeurs du conditionnel. Lors de l'épreuve sur dossier, la question
"subsidiaire" était celle-ci : "Qui achète les manuels au collège ? et
au lycée ?" (rien de bien méchant, comme tu vois)
Delphine-Sophie (jeune titularisée)
Quelle
que soit la réaction du jury, ne jamais se départir. Ce sera l'oral le plus nul de ta
vie mais pas d'inquiétude, ce sera l'oral le plus nul de la vie de tous les candidats!!!,
le jury va te tirer à vue, il aura l'air
méprisant, injurieux parfois même, il ne faudra jamais
lâcher prise!!!! Il faut avoir l'assurance tranquille d'un futur prof.
D'accord, il y a
des jurys sympathiques, mais, mieux vaut s'attendre au pire. Et puis, même si tu penses
avoir raté une épreuve, pas d'angoisse, rien n'est joué jusqu'à la dernière seconde
des oraux. Il faut se battre, et cela peut même devenir amusant!
Et puis surtout,
conseil d'amie planque tes brouillons, histoire qu'ils ne repèrent pas trop tes fautes
d'orthographe, cela fait mauvais genre pour un futur prof !!!
(...) Dors bien, mange bien, autorise-toi toutes les gourmandises, pas de frustration régimesque!!!
Sur la
question de grammaire moi et mes petits camarades passant l'épreuve avons tous
été GRANDIOSES, nous avons eu des questions d'une bêtise et d'une facilité
déconcertante...(emploi d'un
infinitif, nature de subordonnées....) et nous avons tous
sorti les âneries les plus remarquables (avec beaucoup d'applomb d'ailleurs!!)... A notre
décharge, il est nécessaire de préciser qu'apres une heure et demie de
préparation du texte et vingt minutes de passage à la
mitraillette, les idées ne sont plus très claires, et franchement les questions les plus
simples peuvent devenir des gouffres de complexités. alors, un conseil, on
respire et on prend son temps pour répondre!!
Pour la
question vie dans l'établissement, ce fut plus gracieux, "comment est noté un
professeur, et par qui". Là, les niveaux de colle peuvent être très variables,
c'est tout de même une question de chance,
il faut tomber sur un jury sympa. De toutes les manières,
pour se rassurer (mais si, mais
si!!) il faut se dire que s'il veut te casser, il en aura
toujours les moyens avec une question stupide. Cependant, comme il décide de cette
question après ton passage, en général et selon l'impression que tu as
donnée, c'est plus ou moins une aide à la remontée de la
note plancher.
Et un
autre conseil : évite surtout de trop écouter les candidats qui sont déjà passés. Les
jours des épreuves c'est vraiment le jeu de celui qui fera le plus peur à l'autre avec
toutes les anecdotes
catastrophiques sur le passage d'autres candidats avec, comme
par hasard ton jury!!!!! Ce n'est pas
de la méchanceté, mais simplement un désir morbide de
s'angoisser mutuellement, un peu comme de se raconter des histoires de catastrophes
aériennes juste avant le décollage de son appareil... Honnêtement, le mieux est de
s'isoler et de se concentrer. C'est un extraordinaire jeu de comédien et de persuasion
d'un
public qui fait la gueule du début à la fin de ta
représentation!! Il faut être persuadée que l'on est la meilleure, et croire totalement
en chaque mot prononcé, de façon à pouvoir défendre toutes tes prises de position sur
le texte!
Luc Blanvillain:
Je ne
peux que vous conseiller de lire les rapports et de vous conformer strictement aux
exigences
parfois maniaques du jury. Pour l'explication de textes, il
faut être sûr(e) de soi, ne pas oublier la finalité de la chose, qui est d'enseigner,
et prendre soin, pendant la préparation, de consulter des dictionnaires, d'appuyer son
étude sur une analyse précise de la forme, tout en dirigeant virilement (je sais, vous
êtes une fille, débrouillez-vous) son commentaire, selon deux ou trois grandes lignes de
force, constamment rappelées, mais ne donnant pas lieu, bien sûr, à un commentaire
composé. Articuler, en suivant le fil du texte, la synthèse et l'analyse. Une
connaissance correcte d'un bon vieux de la vieille manuel de français lycée est
précieuse. Ayant eu le choix entre Molière et Ponge, j'avais choisi Ponge, qui m'avait
porté bonheur.
(...) Et pourtant,
à l'épreuve de langue (allemand) ayant affronté deux mémés compatissantes et
quasi-endormies, j'ai commis un énorme contresens. Mais je
les ai mises dans ma poche en
faisant exactement ce que recommandaient les rapports de jury
(par exemple, commencer directement
par la lecture du texte). (...)
Marc Seasseau:
Pas
facile ce foutu CAPES. Faut pas se faire d'illusion : que vous le vouliez ou non, vous
allez vous
retrouver face à un jury. Trois braves dames ou braves
hommes qui vont vous écouter causer. Et
alors ? Le public que j'ai en ce moment est encore plus
exigent : je suis en collège et je dois subir le regard bien peu intéressé d'une
vingtaine d'élèves de troisième qui ont déjà eu le résultat de leur orientation;
tout ça pour dire qu'au-delà des trucs, astuces etc, il existe un conseil que je ne peux
que vous donner : notre vie d'enseignant est constituée d'une éternelle confrontation au
regarde l'autre. Pas toujours rigolo mais
inévitable. Et trois membres d'un jury universitaire ne
valent pas forcément vingt ou trente ados en pleine forme.
Allez-y aussi
tranquille que possible... Le pire est de perdre ses moyens, son pouvoir de
"domination" : je dois essayer de dominer mes élèves (je dois vraiment être
un sale prof). S'ils en sont convaincus, ils ne
passeront pas l'année à me gonfler. Dominez le jury, soyez
sûre de vous... même si vous ne l'êtes pas dans le fond.
Cet oral du CAPES,
je m'en souviens parfaitement. Beaucoup de stress et d'attente, plein de trucs dans la
tête. Mais au moment fatal oubliez tout.
Vous allez vous
sortir, pas de problème.
Anne Sculfort qui a siégé pendant 5 ans au jury du Capes. :
Des conseils :
FORME ET COMPORTEMENT:
- n'arrivez pas
trop fatiguée : investissez ! Pas d'hôtel bruyant. Prenez un casse-crôute, de l'eau, de
l'aspirine.
- soyez naturelle
(si possible) et un peu souriante : faites-leur croire qu'ils sont humains.
- dites-vous que
ces examinateurs sont des êtres humains, dont les enfants sont en train de passer des
examens et concours et non d'infâmes brutes sadiques (enfin pas tous) ;
- n'en regardez
pas qu'un seul au cours de l'exposé : à tous les coups, c'est un autre qui vous a posé
le sujet, et il va être vexé.
- ne vampez pas
les messieurs, cela indispose les dames (et vice-versa)
EXPLICATION DE TEXTES:
- pour
l'explication de textes, c'est universitaire. Gérez votre temps ; utilisez les usuels de
la salle de préparation : pas de gros contresens sur un mot que vous croyez connaître.
- Annoncez un
projet de lecture, puis faites une explication tout ce qu'il y a de plus traditionnelle !
- n'oubliez pas la
conclusion.
- faites semblant
d'aimer le texte : il vous a été soumis par un prof de khâgne fanatique qui a passé sa
vie sur l'auteur en question
- pas de jargon
(les examinateurs de l'explication de textes détestent (et méprisent) les
"didacticiens" et réciproquement)
DIDACTIQUE
- pour la
didactique, pas de jargon (on déteste ! parce que cela uniformise à hurler les exposés,
et chaque commission contient au moins un non-prof d'IUFM)
- évitez le plan
bateau (objectifs, déroulement, évaluation) sauf si c'est vraiment le plan ORSEC
- pas de
"dispositif" sans contenu : les "didacticiens" sont aussi des
littéraires (enfin, ils essaient) : n'oubliez pas de bien connaître le support de
l'épreuve (auteur, oeuvre intégrale, texte(s) si c'est une
critique de manuels, etc...)
- Montrez de la
sensibilité littéraire, là aussi ("l'hypocrisie est un vice à la mode, et tout
vice à la mode passe pour une vertu" - Molière, Don Juan)
- Si c'est une
comparaison de manuels, ne prenez pas parti clairement pour ou contre un livre : évitez
les descentes en flammes, il y a toujours un auteur, ou un copain d'auteur, ou un qui
voudrait bien être auteur, parmi
les examinateurs. Alors, modalisez !
(...)
Mais non, ce ne seront pas les pires jours de votre vie !
La réunion la
veille à 17 heures est destinée à vous donner des informations pratiques (soyez
à l'heure, le concours est public, donc vous ne pouvez pas refuser des auditeurs, etc,
etc) On vous rappelle la nature
des épreuves, la durée de la préparation, les usuels
auxquels vous avez
droit. Rien de méchant. Juste un repérage des lieux, des
têtes d'appariteurs. (...)
Willy F.
Mon
expérience est toute récente, mais je peux déjà en retirer quelques règles pratiques
qui, bien
qu'elles peuvent paraître parfois évidentes, ne le sont pas
toujours pour ton serviteur.
Penser à
réserver un hôtel (après en avoir prospecté plus de cinq sur place à Lille, je me
suis rabattu sur un novotel -550 balles la nuit - épuisé par 800 km de route)
Préférer le
train pour les longs trajets
Se détendre
(regarder un bon match à la télé) la veille de la convocation
Bien dormir
Arriver avec un
état d'esprit positif : la plupart des membres des commissions sont des gens adorables :
attentifs lors de ton exposé, tolérants à ton égard, ils demandent simplement que tu
leur signales les enjeux
principaux soulevés par les documents qu'ils te remettent.
Et puis aussi
terrifiante que puisse apparaître l'épreuve avant de composer, tu t'en ressens d'autant
soulagé à l'issue.
Laurence Debreu:
Evidemment, c'est de mon expérience personnelle que je vais parler, qui date des 2 années précédentes:
Conseil1: Ne jamais te laisser
démonter: même si l'examinateur te regarde avec un air de pitié méprisante, murmure
"tout de même" après une de tes réponses laissant ainsi entendre que tu est
longue à la
détente, lève les yeux au ciel pour le prendre à témoin
de ta bêtise, VA JUSQU'AU BOUT. Si tu as le courage, rappelle à ce belâtre qu'il te
doit une attitude de réserve (mais évidemment, on risque trop gros pour ça). J'ai quand
même eu 11 lors d'une épreuve passée dans ces conditions, alors;;.
Conseil 2: Concernant la
didactique, j'ai eu 04 la première année, 07 la seconde. Une piste peut-être, si tu
tombes sur du théâtre... penses que c'est un art vivant et que par conséquent il ne
s'étudie pas comme des
textes.
Conseil3: si tu as pris Anglais,
pense que la dimension symbolique est peut-être plus importante que pour un texte
français. Je l'ai constaté dans "A guide to the critical reading of fiction in
English",
par Claude Verley (chez Ophrys). Ca m'a assez bien réussi
(15/20)
Marie-Hélène Ferrari:
Le moral
et la disponibilité d'esprit sont de beaucoup les choses les plus importantes pour ces
épreuves.
L'année dernière j'ai flanché par excès de fatigue, et
j'ai tourné de l'oeil.
Dis toi bien que
si tu es en train de te dire que tu n'as pas bouclé tes revisions, c'est pas bon, il faut
se
relaxer, ne regarder que les points que tu sais dejà si tu
as enseigné ,c'est le bon sens qui est capital sur
le dossierrevois la grammaire aussi parceque les deux
épreuves y font référence hélas
En vrac
Les questions
peuvent poser sur n'importe quoi,de la grammaire (genre cas difficile ) de la critique
(pour moi definition de l'esthétique de la réception) vie scolaire pour moi, (comment un
PAE peut-il voir le jour) en bref généralement cela fait plus appel au calme et au bon
sens qu'à des connaissances graves.
Par contre
l'assesseur qui te suit...... l'appel nominatif........ la réunion avec le doyen .....
Ont en général été très difficile à assumer. Cependant je suis qq de très nerveux.
Donc à ce stade,
il me semble que c'est le calme et l'assurance qui comptent le plus. (...)
Jean Paul Bernie (membre du jury cette année):
Je vous réponds en vous transférant un passage d'un autre message, qui ne concerne pas directement votre situation de candidate, mais qui s'inspire d'une situation symétrique (il suffit de remplacer "élèves" par "candidats") :
"Je
pense qu'il faut se méfier des compte-rendus des élèves, y compris des élèves
sérieux et doués. Dans les circonstances un peu angoissantes d'un examen oral, on
interprète rapidement à mal le moindre
froncement de sourcil. Quant à l'interruption de l'oral,
cela ne me semble pas être un crime épouvantable si l'entretien a été approfondi.
Il est arrivé un
peu la même chose dans mon lycée à propos des interrogations en langues anciennes: les
professeurs de lettres classiques, sur la foi des rapports de leurs (très sérieux)
élèves ont vigoureusement réagi en écrivant une lettre de protestation. Ce que ces
professeurs ne savaient pas, c'est que les notes qu'on attendait très basses étaient
plus qu'honorables.
En fait, les
élèves paniquent rapidement quand on essaye de les faire sortir du schéma d'analyse
dans lequel ils se sont inscrits mais ce n'est pas parce qu'un examinateur
"conteste" ou nuance une interprétation qu'il va mettre une mauvaise note (au
contraire, il est déjà trop content d'avoir une interprétation.)" (...)
Matthias Scharenk, qui a passé le Capes externe cette année, dont je suis loin de partager les opinions, mais qui propose une autre vision du concours (j'ai du censurer quelques noms pour ne porter préjudice ni à Matthias (pseudonyme) ni à des membres du jury):
"Figurez-vous que, puisque vous vous rendez à Tours vous-même, le comble du
dilettantisme y est de rigueur: commissions en bataille tapies dans des chambrettes
universitaires aménagées, voire dans des
kitchenettes (pour la commission ** d'épreuve sur dossier),
ambiance champêtre, bucolique à midi autour du RU local (on croirait la "partie de
campagne" de Maupassant), blagues potaches et sourires mielleux en coin, affabilité
exaspérante des rapporteurs (avec tout le monde, ce qui en démonte plus d'un)... il en
est même jusqu'à Mme ****, laquelle, ignorant totalement les règles présidant à
l'inscription et au bon déroulement d'un concours de recrutement, en vient à camper un
personnage de curiste thermale, son café à la main et sa bonne humeur
décrédibilisante. Les réglements spécifient pour autant que les prestations soient
publiques et que les
organisateurs doivent veiller à cette disposition majeure
(évidemment dans 9m2 c'est impossible, sauf à entasser un ou deux (record à battre!)
spectateurs décontenancés par ces conditions extrêmes). Sachez aussi qu'apparemment
tout le monde se fout des présupposés théoriques, des analystes formalistes (Saussure
est presque toujours tabou au bout de 85 ans, Jakobson itou après 50 ans, et Barthes!!
Hérésie!); contentez-vous de montrer que vous serez une bonne travailleuse sociale
corvéable au gré des besoins du service, et non une
intellectuelle ou tout simplement une personne sensible,
responsable et l'art en général et de la chose littéraire en particulier.
Je ne puis à
travers vous et votre site qu'exhorter les contingents de capésiens à faire profession
de nihilisme et acte de barbarie intellectuelle, au moins jusqu'à la criée salvatrice
qui nous dira si, aux alentours
du 14 juillet, la loterie nationale a fait tourner dans un
sens avantageux sa roue infernale. Et surtout, en stagiaire et en certifiée, n'allez pas
oublier les suivants! Vous verrez qu'ils auront besoin de conseils pratiques, empiriques,
de la part de ceux qui auront sacrifié de leur temps, de leur affection pour les autres
et pour la discipline, en faveur d'un concours au rabais, vaste marché régi par
l'aléatoire (moment de digestion des jurys, taux d'humidité dans l'air...), véritable
point de rencontre et de chute entre une communauté muette et une ploutacratie sourde. Je
vous souhaite bien du courage pour braver impétueusement ces aberrations et ces
contradictions. Personnellement, je n'ai jamais cru que je
passais des épreuves signifiant mon aptitude à préparer des séquences
intelligibles dans le secondaire: j'ai pensé faire perdre son temps aux glorieux
"assis" qui n'ont évidemment plus rien à prouver. Et nous, nous pourrions
avoir à dire et à faire. Simplement, dans ces cadres étriqués, c'est de la provocation
qu'affirmer que se jouent ainsi des carrières et des idéaux pas bien
compliqués.
(..) Je
me suis rendu à Tours et j'ai composé parmi les premiers, c'est-à-dire que nous avons,
quelques
autres et moi-même, essuyé les plâtres d'une parodie dans
les détails de laquelle il n'est pas nécessaire d'entrer bien profondément pour
comprendre que le ton compassé et délicieusement méprisant des rapports de jurys ne
fait qu'enrubanner de verbe les conditions réelles de la démarche sélective
délibérément mise en place et qui ne se confond qu'en aveuglements et en inconscience
calculatrice. Faites quant à vous le forcing
pour produire toutes les pièces administratives requises par
la direction des personnels car là-bas en Touraine on n'a guère formé les appariteurs;
n'oubliez pas de faire viser votre attestation de concours si vous dépendez
d'un IUFM, car personne ne vous en rappellera l'existence, et
songez que la créativité n'est pas de mise! Il convient de se laisser griser du
panurgisme le plus abouti si l'on veut être entendu (à défaut d'être écouté).
Mon intention n'est pas de critiquer à l'emporte-pièce la
manière dont se déroulent ces examens oraux, éprouvants pour tous. J'ai tenté de vous
dresser un tableau rassurant de la réalité que nous avons ressentie. Les personnes
instituées sont toutes compétentes, au moins individuellement. Mais mettons-nous à leur
place, étant sûr que l'inverse n'est jamais vrai: que faire? Comment juger et préjuger
d'une aptitude en quelques brouillons de connaissance éparpillés çà et là en trente
minutes? Un "Monde de l'éducation" récent
estimait qu'environ 75% des jurys de didactique ne se
contentaient même pas d'ignorer totalement les notions fondamentales de ce champ
disciplinaire ni ses auteurs les plus féconds et les plus heureux (Chevallard,
Coste,Combettes, Halté,Boissinot...), mais en plus n'avaient
pas connaissance des rapports de jurys des années passées-en somme, ne savaient
aucunement les prérequis de l'épreuve. Joli travail, non?
Je pense
toutefois, malgré ces prises de position et cet investissement
affectif particulier, partager vos points de vue
"idéalistes" sur l'enseignement, même si la proximité d'incompétents
notoires au sein de l'Education Nationale m'invite à relativiser l'action pédagogique et
à décristalliser l'utopie professorale. J'aime beaucoup le contact humain du métier,
voire les difficultés relationnelles qu'il peut générer. J'admire par ailleurs le
travail globalement effectué par les personnes responsables et animées de la fibre
pédagogique (comme MM. Viala ou Meirieu par exemple).
Sans rentrer dans
le détail, l'exercice de cette carrière (que certains nommeront "sacerdoce")
est source de remise en cause perpétuelle et de progrès dans la connaissance humaine.
J'aurai à me poser des questions le jour où je ne penserai à mes élèves qu'après la
CAMIF ou le Crédit Mutuel Enseignant.
(...) - les questions de grammaire portent sur une phrase tirée du texte étudié. Il
s'agit généralement d'une analyse grammaticale.
J'ai pour ma part
dû expliquer le processus de formation de la modalité injonctive (proposition ou phrase
nominale, trace effective ou non du sujet, ponctuation spécifique). Pour la question
"vie scolaire", on m'a
demandé quelles étaient les réunions obligatoires
auxquelles devait assister un enseignant (ce à quoi il faut répondre:
"pré-rentrée, commission "technique", réunions parents-professeurs,
conseils suivant les mandats
(discipline, administration, vie lycéenne, et
éventuellement CAVL...)), ce qui est faux puisque seuls les conseils de classe font
partie des obligations de service, mais bon.) J'ai moi-même élargi mon sujet de
didactique à
la dimension civique, ce qui est conseillé (il ne faut pas
laisser le jury le faire, mais anticiper). Forcément, avec un sujet sur l'analyse
grammaticale du récit, c'était difficile, mais nous avons à combler l'artifice
(maîtrise
grammaticale=participation à la communauté
linguistique=meilleure intégration à la vie sociale et autres billevesées...).
Entendues dans les
couloirs, ces autres questions:
- grammaire:"indices grammaticaux indiquant une connivence entre le lecteur et le
narrateur"(sic), "les modes verbaux de l'hypothèse chez La Fontaine".
- vie scolaire: "fonctions d'un principal de collège","que vote un conseil
d'administration"? (pour ces questions, lire : "Délégué flash" de Damien
DURAND, CRDP de... Grenoble je crois)
- civisme:"importance de l'étude de textes vétéro-testamentaires pour le citoyen
de demain".